Le projet artistique « En classe » proposé par A.I.M.E. (Association d'Individus en Mouvements Engagés) et La Maison Folie Wazemmes aura été une belle expérience pour les élèves de sixième et moi-même, enseignant en Éducation Physique et Sportive.
Pourtant pas toujours à l'aise avec les disciplines artistiques, j'étais dans un premier temps assez septique sur la réalisation d'un tel projet avec une classe dite « difficile ». Mais curieux de voir ce que « En classe » pouvait rendre, j'ai tout de suite accepter la participation au projet. Au fur et à mesure des correspondances, en voyant les élèves s'investir de plus en plus, prendre le projet à cœur, j'ai senti que le spectacle pourrait alors être finalement une réussite.
Le principe des correspondances aura bien fonctionné. Il aura même permis de tenir les élèves en haleine jusqu'au spectacle, d'être les propres acteurs du projet en imaginant la classe de leur rêve, en réalisant leur portrait... Le jour J, tant attendu par les élèves et moi-même, aura été l'occasion de faire enfin la rencontre de la danseuse et du technicien de la compagnie. Au cours de ce moment privilégié, j'ai pu voir la classe, mais également les élèves, se transformer. En effet, l'environnement a été modifié de par l'intervention des élèves, mais aussi et surtout, de par la modification de leur comportement. Ce fut étrange pour moi de les voir réaliser avec soins des consignes que je ne leur donnais pas et que je n'entendais pas qui plus est. Cette classe dite « difficile » se retrouvait tout d'un coup captivée, très calme, dans à un cadre artistique que les élèves eux-même avaient créés.
Une expérience apaisante donc, et réussite puisque les élèves avaient l'air de ne plus se sentir en classe à proprement parler, car ils s'y trouvaient assez à l'aise, voire rêveurs. La dernière correspondance enfin, s'est terminée sur une note beaucoup plus décontractée, avec un peu d'amusement de la part des élèves, mais cela restera pour tous, je le pense, un très bon souvenir...
En classe
Il fallait y aller. Ce serait le lieu de la représentation.
On nous avait dit « ce sont les pires 6ème».
Alors, un peu nerveuses on y va : une première rencontre pour présenter le projet et une pluie de questions.
Ces jeunes étaient curieux, intrigués, soucieux de bien faire pour « la dame qui vient de Paris ». En fait, Margot ne vient pas de Paris, mais elle vient quand même de loin pour venir « en classe ».
Comment faire un spectacle si on ne répète pas ? Comment faire si on se trompe ?
Ces correspondances ont été l'occasion de faire connaissance et de se poser. Dans cette classe bruyante les enfants rêvent d'une classe calme, de coussins sur les tables et de matelas sur les murs.
Et puis de classes sans garçons aussi.
Aller « en classe » c'est aussi pour nous faire ce déplacement – aller à leur rencontre ; Si ce spectacle se fait avec eux, on voulait savoir qui ils sont – à quoi ils rêvent.
Un parc aquatique sous marin et un basketteur dans les airs.
Nous avons rencontrés des jeunes à qui on ne demande pas souvent qui ils sont.
Il y a la correspondance envoyé à la compagnie, résultat matériel d'une rencontre et il y a je crois ce que ça pu permettre comme espace de parole pour certains d'entres eux.
Un espace où se dire.
Alors, oui ces correspondances ont été riches.
Ce mercredi 28 mai – j'écoutais une voix douce les guider – leur dire qu'ils sont singuliers, qu'ils ont leur manière de lever le doigt.
J'ai vécu une expérience,
J'ai été touchée par le ton sur lequel on s'adressait à eux dans ces casques. Il y a avait quelque chose de bienveillant, d'attentionné.
Et j'ai vu ces deux classes la perm rose et la salle B 206 se métamorphoser.
Il s'y est crée quelque chose en dehors du temps –
et j'ai beaucoup pensé à leurs classes rêvées en les regardant.
En classe. C'est le lieu- c'est comprendre tout ce qui s'y joue dans cet espace- c'est y créer quelque chose.
Non ce n'était pas de la danse. Si c'est pour répondre à leur représentation de la danse. Il s'agissait d'une expérience à vivre, à créer ensemble.