Our Loves - Presse
Julie Nioche, l’amour à même la peau
L’interprète expose ces empreintes comme les traces indélébiles que ses histoires d’amour ont laissée à même sa peau et qu’elle tend à réactiver dans la danse. Artiste et ostéopathe, Julie Nioche s’est toujours intéressée à faire du mouvement une expérimentation. Le trajet intime et singulièrement sensible qu’elle suit durant la pièce est né de pratiques somatiques auxquelles elle s’est personnellement livrée. Son corps, mobile et contorsionné, s’agite et vacille, désorienté. Il dit peut-être l’errance et l’indétermination sentimentales. Il se cherche et se livre dans un semblant d’aléatoire alors que tout sonne juste et précis. C’est une exploration saisissante, quasi animale, totalement épidermique, de la sensation enfouie qui se donne à voir avec force.
Il y a d’abord un dos, dans la pénombre de ce début de représentation. Sa peau est couverte de dessins, peut-être des cicatrices, des plantes, ou des organes : un intérieur affleurant sur la peau, qui se met à bouger, traversé d’énergies isolées. Un battement, une pulsation. C’est doux et précis, comme les frappes des doigts sur le clavecin absent des variations Golberg qui se fredonnent a capella durant tout le spectacle. Un vaste cercle lumineux, au-dessus de la scène, éclaire le corps autant qu’il le transforme en ombre, va jusqu’à l’engloutir.
WIK : Nos amours traite de la mémoire, une notion qui appartient au champ de l’intime, un matériau avec lequel vous travaillez de manière récurrente. Par quel biais amenez- vous cette fois-ci la fragilité et le sentiment à la scène ?
JN : Pour cette création, la question de départ est : «quelles traces ont laissées nos histoires d’amour dans nos corps et dans nos imaginaires ?»
Je l’ai donc abordée à partir de souvenirs des deux danseurs qui l’ont explorée et traduite. Pour les accompa- gner, j’ai fait appel aux pratiques somatiques. Ce processus de création est donc très intime mais ce qui m’importe, c’est que ces traces soient actualisées, que la danse se montre pleine de ces différentes strates déposées en eux.
WIK : La place du créateur musique, Alexandre Meyer, est très importante. Selon vous, quelle forme d’interdépendance existe entre la musique et le corps en 2016 ?
JN : La musique permet aux deux danseurs de porter beaucoup plus qu’eux-mêmes, d’évoquer toute une communauté de présences, de devenir multiples. L’interdépendance est mysté- rieuse : je pense à la création de vibrations communes entre le son et le mouvement, de fréquences, de silences, de dialogues, de transes, de caresses. Je suis étonnée par la force des sou- venirs que nous offre la musique ou la danse.
Mettre en scène est un tremplin international : comment sauvegarder cette présence spontanée, organique du corps lorsque la pièce se joue à plusieurs reprises ?
Ce qui est aussi un tremplin c’est de jouer plusieurs fois face à un public. Je crée des pièces qui permettent d’être toujours questionné, surpris, dérangé, traversé, mis en danger. Je mets en place des contextes qui déroutent pour développer sans cesse nos capacités d’adaptation et de créativité. Il y a toujours des angles morts que nous n’avons pas exploré, pas vu et qui ouvrent sur une nouvelle dimension, une nouvelle note, geste ou lumière.
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