Presse
Repères, cahier de danse n° 46 - DANSE et SOINS, décembre 2020
Article coécrit par Isabelle Ginot & Julie Nioche, avec la participation de Camille Noûs.
"Revenant sur leurs expériences de recherche et de pratique, les autrices se livrent à une exploration du soin de nos imaginaires. En s’appuyant sur eux dans des contextes institutionnels, elles favorisent une ouverture sensible et perceptive.(...)"
La revue est disponible à l'achat sur le site de l'éditeur La Briqueterie / CDC du Val-de-Marne : https://www.alabriqueterie.com/fr/la-revue-rep%C3%A8res/danse-et-soins-1
Les articles sont disponibles à l'achat séparément sur CAIRN :https://www.cairn.info/revue-reperes-cahier-de-danse-2021-1-page-15.htm
Culture et recherche - n°136 - Automne 2017
Interview croisée de Julie Nioche, Emmanuelle Huynh et Fabienne compet pour la Revue 303 - automne 2017 - dossier "Cultures du soin"
Principaux articles parus sur le projet général, les pièces, les actions, la recherche..
Mise à jour mai 2015 (20Mo)
Interview croisée de J. Nioche, I. Ginot et M. Repellin
Traduction de l’article en français (extrait) - publication dans Dansermag / février 2010
L’Association d’Individus en Mouvements Engagés (A.I.M.E.) s’est lancée dans une aventure à la croisée de tous les chemins du corps. Isabelle Ginot (auteure, chercheuse et enseignante à Paris VIII), Julie Nioche (chorégraphe) et Michel Repellin (thérapeute pour séropositifs) s’expliquent.
Le Monde - 27 octobre 2020 - portrait par Rosita Boisseau
(...) Comment trouver malgré tout de la liberté dans la contrainte? " Encore une question à laquelle Julie Nioche apporte des réponse miroitantes depuis vingts ans. Dans ses spectacles d'abord, mais aussi dans les nombreuses actions menées dans le milieu médico-social par A.I.M.E. (...)
Comment échapper à l'ordre des choses ? - octobre 2020
https://mailchi.mp/502abb0e8036/lettre-dinformations-n-18-t-4528308?e=bca372c371
LA TERRASSE - hors serie mars 2020 - entretien avec Julie Nioche, par Nathalie Yokel
"(...)Comment passer de l’intime au plateau ?
J. N. : « Intime » n’est pas le bon mot, je m’en méfie. Je ne recherche pas l’intimité ou une histoire personnelle pour la mettre sur scène. À partir de l’unicité de la personne, je m’efforce de rencontrer des socles communs, que j’ai appelés des archétypes, des endroits qui nous construisent mais qui nous dépassent, comme la solitude, la peur, l’enfance. Je me rends compte que je travaille de plus en plus sur la notion de rêve, qui recèle une part d’inconscient, mais aussi d’inconscient collectif. Ce qui se joue, c’est comment cela se traduit dans des mouvements. La mise en scène se pose comme un cadre, un environnement qui va associer plusieurs imaginaires. (...)"
Dessiner le souvenir
J’ai fait l’exercice de “me souvenir”. Me souvenir de spectacles qui m’ont marquée et qui sont encore vivants dans mon imaginaire aujourd’hui. Sans trop réfléchir, trois univers ont surgi : Endless house de William Forsythe ; trois pièces de Claude Régy : Brume de Dieu, Ode maritime, Comme un chant de David; trois pièces de Julie Nioche : H20CaCO3NaCl, Matter, Nos solitudes. L’équipe de Repères, cahier de danse m’a proposé de fabriquer des iconographies à partir de mes souvenirs. Par la suite nous avons décidé ensemble de disperser ces trois pages tout au long du numéro.
Julie Nioche,The protection of fragility
With pictures like a choreographic poem, Julie Nioche, a unique figure of the contemporary dance scene in France, gives answers with her artistic and social actions over the last fifteen years not only to the question of the ‘fragile’ of being, body and identity but also to its protection.
With Doers, choreographer Julie Nioche follows the path of Lisa Nelson and Steve Paxton, in a danced dialogue with their improvised piece PA RT created in 1978. Between observation, fiction, imagination and ghostly gestures, this new research is an opportunity to return to questions that are at the heart of her work, to see how they move and are nourished by a changing social and political context. A strong desire to infiltrate dance in the city, by rethinking the form of production and sharing of projects, creates a bridge with the entire approach of those choreographers active since the 1970s to think of the dancer as a citizen invested in the world and the time in which he lives.
"(...) As dancers, we constantly use the practices and tools forged by these two American choreographers, without always identifying that these are their proposals. The ways in which these gestures circulate in our bodies as performers interest me. I have also always heard about their lives in the country, rooted in a context where dance gestures and agricultural gestures necessary for daily life, such as cutting wood for heat or cultivating the land, are connected. I have a keen interest in the radical choices that both have made as artists and as humans, in touch with the times in which they live (...)
(...) Several things intrigued me about PA RT: the dynamic that exists between Steve Paxton and Lisa Nelson, who alternate solos and duets in the structure of this piece and follow a score of instructions that no one but themselves knows. In other words, I am drawn to the risk-taking and vulnerability they propose to share: their relationship to improvisation and instant composition.
What is it like to really improvise in life, when you have the opportunity? I have the feeling that in this period where we have a lot of things to invent, to imagine in order to create desirable futures, improvisation offers us something (...)
Translated with www.DeepL.com/Translator (free version)
Read full version (french) : https://www.maculture.fr/doers-julie-nioche
Doers, la nouvelle création de Julie Nioche (entretien)
Pour cette création, Julie Nioche s’empare de PA RT, pièce créée en 1978 par Lisa Nelson avec Steve Paxton. Un travail de mémoire et de fiction qui change notre rapport à l’improvisation.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
https://www.journal-laterrasse.fr/doers-la-nouvelle-creation-de-julie-nioche/
Julie Nioche received the Jury’s price 2010 from the Syndicat professionnel de la critique de Théâtre Musique et Danse for the show Nos solitudes
Le spectacle du mois - Julie Nioche, hôte de l’air - par Sabrina Weldman
English version soon..
Interstices entre poids du corps et choc des personnes - par Gérard Mayen
bi-portrait Jean-Yves de Michaël Phelippeau et Nos solitudes de Julie Nioche explorent des zones troubles de la danse. Tandis que le premier tisse une nouvelle relation à l’autre, la seconde transcende les lois de la gravitation.
(...)
Quand, presque à l’inverse, Julie Nioche signe son solo Nos solitudes, ce titre n’obère cependant rien de l’envol de nos perspectives. Du reste, il faudrait d’emblée nuancer la notion de solo, tant la présence physique sur le plateau du musicien Alexandre Meyer, et sa production, oeuvrent dans le régime d’une pleine interaction des propos. Et tout à la fin, son intervention directe sur un élément de scénographie a les effets d’un cataclysme conclusif. Dans ses pièces précédentes, Julie Nioche avait beaucoup usé de prothèses pour donner forme tangible aux notions d’image de soi, à l’exploration des codes de représentation dans la construction des modes de présence au monde. Les théories de la performance des genres n’étaient jamais très éloignées. A cet égard, le parti scénique de Nos solitudes peut apparaître à la fois plus modeste et pourtant plus vertigineusement radical.
L’artiste arrime son corps à des filins, qui lui permettent de se suspendre dans l’espace. Formulée en ces termes, la description de son dispositif pourrait donc sembler dépouillée du souci de mise en perspective critique de la construction des corporéités. On croirait s’approcher de techniques spectaculaires du cirque.
Il faut alors y regarder à deux fois. Se rendre compte, avec perplexité, que les filins qui supportent la performeuse ne sont reliés à aucune machinerie susceptible d’impulser ses
mouvements d’élévation ou de descente. Son poids est juste compensé par la suspension dans les airs, entre sol et plafond, de plusieurs dizaines de poids métalliques habituellement utilisés pour la pesée à l’aide de balances à l’ancienne.
Jusqu’à Nos solitudes, on pouvait penser que notre corps se soldait dans un poids, ayant valeur de donnée constante irréfutable. Certes. Et que donc, une fois suspendu, si le cas s’en présentait, ce corps à poids constant n’avait plus raison ni moyen de bouger. Or Julie Nioche se suspend. Et ne cesse de se mouvoir. Par ses propres impulsions, subtilement modulées, maîtrisées, elle génère les énergies nécessaires, en somme supplémentaires au poids, qui vont lui permettre de se hisser, de se hausser, d’évoluer, se mouvoir, se lover, baigner, léviter, onduler, s’enfoncer, s’éployer.
Nous ne sommes pas un corps qui a son poids. Nous sommes un dispositif de circulation d’intentions et de forces, de réception et de réaction, d’impressions et d’inductions. Et seul un ordre de la représentation nous interdirait de voler. Littéralement, c’est dans son propre corps d’artiste en état de projection poétique, dans con corps d’ostéopathe aussi, féru de savoirs somatiques alternatifs, vibrant au plus fin des écoutes intérieures, que Julie Nioche puise les ressorts de son envol.
Sur la musique de Meyer, au coeur du dispositif plastique des poids suspendus et de traits lumineux incisifs, l’artiste compose une patiente danse hors-sol, confiante en l’aléa, parfois rebelle dans sa prise avec la matière-espace, non sans que rode une hypothèse du risque, et se produise au total un genre d’effondrement comme de fin d’un monde. Et c’est au sol, où tout un chacun se pense bêtement le mieux protégé, qu’elle paraît comme cernée, débordée. Nos solitudes transcende les lois contraintes de la gravitation physique. Son titre en repli nous invite au défi d’une sorte de révolution cosmique, à portée de chacun.
bi-portrait Jean-Yves de Michaël Phelippeau était donné du 10 au 13 février au Théâtre de
la Bastille, à Paris, dans le cadre de Hors-Série.
Nos solitudes, de Julie Nioche, a été créé le 13 février à la Ferme du Buisson (Marne-la-
Vallée), dans le cadre des Hors-Saison, programmé par Arcadi Ile-de-France.
Gérard MAYEN rédacteur
Celle qui est également capable de monter des performances collectives pour 50 participants trouve toujours dans ses solos la matière première de son écriture, le socle infaillible de ses recherches. Nos Solitudes, pièce bien nommée, pose solidement les bases d'une recherche sur le rapport du corps à la gravité. Exit la danse en apesanteur, la danse escalade, l'envol acrobatique.... Ici c'est un audacieux système de poids et de contrepoids qui propose une autre résolution, une autre échappée libre vers l'impossible suspension.
(...) For Vague Intérieur Vague, - hence the title, I was interested in the uncontrollable sensations that come in waves, when one is confronted with a sound, a situation, a gesture, a smell, etc., and that will suddenly revive an emotion or sensations. This type of reaction is not always explicable and is often related to the unconscious. Our behavior and the way we react to what surrounds us is linked to our heritage and our personal history. It is this unconscious that interests me here, the waves of sensations, emotions, images, which come and go. These sensations that overwhelm us are sometimes impossible to name or share. For Vague Intérieur Vague, the challenge was therefore to find a way to bring out images and sensations while having enough projections to restore them and share them with others. (...)
"A multicolored headless woman, a fairy haloed in black transparency, a monkey man, a polyrhythmic Amazon, a distant warrior, an intense dragonfly. They emerge in turn from nowhere or from our dreams (...) Their sky is occupied by a moving enigma, a monster, an animal, a machine, which moves with them and offers itself, to them as well as to the spectator, to all the metamorphoses: playful, threatening, enveloping or crushing, solemn or grotesque, absurd or necessary: it welcomes our images, engulfs them or makes them swell in all the space (...)
It is a question of reaffirming the equality of all in front of the forces of the imagination, the inexhaustible and deeply shareable resource of the sensitive, and the repairing powers of the dream."
True to form, Julie Nioche uses here, as in NOS SOLITUDES, suspensions. If they are not cables and weights, in this show she has chosen pipes hanging from the ceiling and spitting smoke. This strange chandelier looks like a five-legged spider, giant boas or sometimes elephant trunks. The illusion of this hallucinatory world populated by unreal creatures is reinforced by a play of light skilfully orchestrated by Yves Godin. The projectors diffuse white, yellow, green, blue or orange halos, depending on the atmosphere she wishes to project.
The performance gives off a wild, almost tribal energy, to which Julie Nioche has accustomed us. And as usual, she seems to have succeeded in hitting the mark.
Julie Nioche, l’amour à même la peau
L’interprète expose ces empreintes comme les traces indélébiles que ses histoires d’amour ont laissée à même sa peau et qu’elle tend à réactiver dans la danse. Artiste et ostéopathe, Julie Nioche s’est toujours intéressée à faire du mouvement une expérimentation. Le trajet intime et singulièrement sensible qu’elle suit durant la pièce est né de pratiques somatiques auxquelles elle s’est personnellement livrée. Son corps, mobile et contorsionné, s’agite et vacille, désorienté. Il dit peut-être l’errance et l’indétermination sentimentales. Il se cherche et se livre dans un semblant d’aléatoire alors que tout sonne juste et précis. C’est une exploration saisissante, quasi animale, totalement épidermique, de la sensation enfouie qui se donne à voir avec force.
Il y a d’abord un dos, dans la pénombre de ce début de représentation. Sa peau est couverte de dessins, peut-être des cicatrices, des plantes, ou des organes : un intérieur affleurant sur la peau, qui se met à bouger, traversé d’énergies isolées. Un battement, une pulsation. C’est doux et précis, comme les frappes des doigts sur le clavecin absent des variations Golberg qui se fredonnent a capella durant tout le spectacle. Un vaste cercle lumineux, au-dessus de la scène, éclaire le corps autant qu’il le transforme en ombre, va jusqu’à l’engloutir.
WIK : Nos amours traite de la mémoire, une notion qui appartient au champ de l’intime, un matériau avec lequel vous travaillez de manière récurrente. Par quel biais amenez- vous cette fois-ci la fragilité et le sentiment à la scène ?
JN : Pour cette création, la question de départ est : «quelles traces ont laissées nos histoires d’amour dans nos corps et dans nos imaginaires ?»
Je l’ai donc abordée à partir de souvenirs des deux danseurs qui l’ont explorée et traduite. Pour les accompa- gner, j’ai fait appel aux pratiques somatiques. Ce processus de création est donc très intime mais ce qui m’importe, c’est que ces traces soient actualisées, que la danse se montre pleine de ces différentes strates déposées en eux.
WIK : La place du créateur musique, Alexandre Meyer, est très importante. Selon vous, quelle forme d’interdépendance existe entre la musique et le corps en 2016 ?
JN : La musique permet aux deux danseurs de porter beaucoup plus qu’eux-mêmes, d’évoquer toute une communauté de présences, de devenir multiples. L’interdépendance est mysté- rieuse : je pense à la création de vibrations communes entre le son et le mouvement, de fréquences, de silences, de dialogues, de transes, de caresses. Je suis étonnée par la force des sou- venirs que nous offre la musique ou la danse.
Mettre en scène est un tremplin international : comment sauvegarder cette présence spontanée, organique du corps lorsque la pièce se joue à plusieurs reprises ?
Ce qui est aussi un tremplin c’est de jouer plusieurs fois face à un public. Je crée des pièces qui permettent d’être toujours questionné, surpris, dérangé, traversé, mis en danger. Je mets en place des contextes qui déroutent pour développer sans cesse nos capacités d’adaptation et de créativité. Il y a toujours des angles morts que nous n’avons pas exploré, pas vu et qui ouvrent sur une nouvelle dimension, une nouvelle note, geste ou lumière.
Relations Presse A.I.M.E. - Agence Elo A. - Nantes
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T 09 80 54 26 10 - M 06 11 92 38 34
Excellente surprise ce Matter mis en scène par Julie Nioche. En moins d'une heure, la chorégraphe impose une danse fulgurante, nerveuse, électrique, sur un plateau qui peu à peu se remplit d'eau noire.[...]Figures soumises au début de la représentation, les quatre interprètes terminent le spectacle par une danse jubilatoire sous un torrent de pluie. Comme si cette lutte avec l'élément eau avait fini de les libérer de leur peur, comme si la danse au fond avait triomphé des contraintes qui menaçaient son existence même. Un grand, grand spectacle de Julie Nioche.
Une à une chacune des danseuses, geste après geste, se dépouille ou plutôt se fait dépouiller par l'eau. Ce n'est pas un déshabillage, mais bien une mise à nu, au sens propre, avec la tension érotique inhérente. Mais c'est surtout l'image de la mue et de la vulnérabilité qui s'impose.
Carcan. Aux quatre solos succède une partition, avec à chaque fois le rituel du rhabillage et du réajustement de la tenue vouée à disparaitre. Comment se défaire de ce carcan ? Chacune à sa façon, mais ensemble, répond, dans sa dernière partie, Matter.C'est à la fois très simple et très beau.
La surprise et la réussite de Matter résident dans son statut rare d'objet plastique vivant. Non seulement les costumes se dissolvent mais le sol se dilue en un tableau mouvant. Blanc au départ, il prend imperceptiblement l'eau par plaques, puis se couvre d'une encre noire dessinant des floraisons étranges dans lesquelles la petite robe se salit. L'inondation transforme le plateau en piscine-patinoire. Tout est ici mis en œuvre par Julie Nioche pour retrouver un corps de sensations brutes, instinctives, singulières à chacune des danseuses.
Voilà une proposition spectaculaire aboutie, franche, radicale, honnête et d'une beauté immense. [...] A mesure que le spectacle se dévoile, le plateau se remplit d'un sang noir dans lequel les danseuses se débattent, luttent et jouent aussi. Entre Soulages et Malevitch, Julie Nioche offre un travail quasi parfait et d'ailleurs le public, passé les applaudissements plus que nourris, reste encore assis face aux interprètes et il flotte alors dans la salle un autre message : « encore » !
Chorégraphe, Julie Nioche? Oui sans doute, mais pas seulement. "Je construis des dispositifs chorégraphiques, des environnements dans lesquels il est impossible de se mouvoir, comme dans la vie quotidienne. Des espaces qui poussent à créer du mouvement à partir des sensations", aime-t-elle à dire. On croise depuis déjà quelques années son travail sans vouloir ou pouvoir le cerner : Julie Nioche n'est pas une. Elle est multiple. Elle peut convoquer 50 ou 200 personnes pour ses Sysiphe, ou mettre en scène avec sa complice Virginie Mira des poids de pesée (Nos Solitudes) pour donner à voir une danse sans gravité.
Le projet de Julie Nioche redéploie la nudité en danse. La lecture biopolitique des corps, comme la déconstruction de la représentation spectaculaire, au jour esthétique de l'art-performance, ont conduit à percevoir les corps nus sur scène comme habillés d'une autre manière (....). Le corps dépouillé de son constume dans Matter revient à une condensation d'intensité charnelle. Le voici délié de l'image vestimentaire, laquelle est porteuse "de rôles qui nous amusent, nous dépassent, nous étouffent" et participent activement à sa construction.
Les Rencontres chorégraphiques sont l'occasion de retrouvailles avec des artistes à la singularité reconnue comme Julie Nioche qui présente Matter à Montreuil. Matter constitue une tentative de mise à nue de la danse par ses interprètes même (...). L'espace, témoin désormais de leurs évolutions, garde encore trace des signes ébauchés, tel le brouillon noirci d'un texte effacé, tandis qu'elles retournent à l'immobilité première, d'où peut renaître ou pas le mouvement.
Tandis que la très belle voix de Sir Alice sublime ses textes tourmentés rythmés par sa guitare rose, Julie Nioche semble sortir d'elle-même et remplir l'espace d'une présence chargée en émotions. Un peu comme si ses membres, sa tête et son esprit entraient en transe, pénétrés par les sons.
La palette des ressentis se transforme en mouvements qui semblent s'affranchir de la volonté de la danseuse. Une performance atypique et une expérience intéressante où ne subsistent plus qu'une voix puissante et un corps désincarné.
VIRGINIE MIRA + JULIE NIOCHE
A woman lies on a stage. She rolls over, fidgeting as if sleeping, but pauses halfway through the movement, facing the audience. As she does this, half of her body remains suspended in mid-air. Each time she reaches, kicks, or stretches, she climbs higher, bound to a constellation of falling weights that lever her upwards. She struggles in flashes—here elegant, there frustrated—with the cords around her, seemingly unconscious all the while, until the weights are on the ground, and she hangs 13 feet above the stage. Then, suddenly, she sinks back down to the ground within a circle of rising weights.
Ballet Dancing Takes a New Shape in Brest (Antipodes festival)
(…) A panorama of young creation at the Antipodes festival (…)No bounds. Les Sisyphe by Julie Nioche is a frantic race for dear life, while flowers and animals are wallflower on a revolving screen. Like a training boxer, Rachid Ouramdane skips with a rope till he drops with exhaustion. Julie Nioche takes over and starts running on the spot, out of breath. The show knows no bounds, freely and boldly performed with the Doors’ The End in the background. (…)
The hypothesis of renouncement
Julie Nioche is the choreographer of an enigmatic piece, at the junction of genders, as well as of the human and the animal worlds, which opens at the end. There is not only one Sisyphus, condemned to ceaselessly rolling a rock to the top of a mountain, whence the stone would fall back of its own weight, but two Sisyphus. One is a male. And the other is a female. They both appear in a circular space throwing fragments in the periphery. The gaze peers upon the animal world, but also upon the vegetable one. All the possibilities of dancing are exhausted, as « The End » by Jim Morrisson is to be heard. Les Sisyphe: under the influence of Julie Nioche’s enigmatic piece, we could make the hypothesis of renouncement. We must renounce deciding whether this work is a success or a failure, and also give up defining its meaning, and have to be content with observing, recording and willingly accompany the performance until the end, while we get lost in its gaps. This is what it calls attention to. Gaps here are openings. First gap: a setting emphatically cut up by the unceasing, circular race of a screen controlled by an auto-rolling arm on a perfectly circular path. Rejected on the margins by this slow whirlwind comes Rachid Ouramdane’s dance, who looks like a hunk in his leather jacket, but look here, he is also very girlishly skipping with a rope at the far end of the stage. We can hear "The End" in its feminine version sung by Nico. Second gap: the images on the screen, full of fur and blood, come from an animal world which has been “scalpelized” by man’s world, and more particularly by the photographer Hervé Thoby. Nothing makes sense, at least immediately. Only a strange suspicion remains: come to think of it, it seems that the cultural constructs of genders, but also of the human and the animal worlds share some obscure, essentialist foundation. This should be discussed. Meanwhile, the vegetable world, in blossom, takes over on the screen. But there suddenly comes a flash: Ouramdane, who looks very virile, has taken off his pants, and rises there in underpants, perched on animal hooves. His dance has turned frail, with a shadow of poised femininity slightly streaking the space, both elusive and substantial, in short, precious. A new gap: Ouramdane leaves the stage to let Julie Nioche appear, who is very feminine and doll-like. She switches off the screen. No more circle. No more images. Dressed like a tennis player, she is all white against a white background, facing us. This conveys an impression of extreme plasticity. Another dance starts, stubborn, implacable and suffocating. It is a dance of waste and exhaustion. She runs, jumps on the spot, and mimics all sorts of dances. This implacable stubbornness is surprising, given the girlish pout of the dancer. Even concepts can be killed. And even a whole trend of dance, or of non-dance. Whatever. We then hear "The End" sung by Jim Morrisson in its integral, original and masculine version. You don’t know what to think of all this. But still you want to write about it.
Entretien avec Julie Nioche par Wilson Le Personnic publié le 25/03/2024
Le Beau Bizarre #65 avec Julie Nioche, de Zineb Soulaimani - 15 avril 2024
En écoute
Comment des pratiques sociales et sociétales entrent dans un processus de création ?
Comment mettre au travail par le corps, la question des violences sexistes et sexuelles ?
Est-ce que la danse peut s’envisager comme une pratique d’auto-défense ?
Que faire de la mémoire, potentiellement, traumatique de ce corps ?
Que peut la danse ? Peut-elle réparer ? Est-ce une danse pour soi ou une danse à partager ? Et comment la regarder ?
Des questions que s'est posées la chorégraphe Julie Nioche pour son projet Outsider.
Dans le cadre du festival Conversations au Quai à Angers. Le Sous-Marin est allé à la rencontre de Julie Nioche, chorégraphe du spectacle Outsider et Lex Frattini.
Retrouver le podcast de l'émission ICI : https://www.radiocampusangers.com/
Article dans la Gazette du Val d'Oise - mars 2018 - par Elodie Taillade
Avec des retours d'enfants et d'enseignants..
Nous quittons les enfants alors qu'ils sont extrêmement sages et le sourire aux lèvres, ce qui étonne essentiellement leur institutrice qui, en participant à cet exercice, a posé un nouveau regard sur ses élèves. Il y a infiniment de magie, de poésie et d'émotion dans ce spectacle spécialement conçu pour les classes de CE1 à la 6ème qui est intégré dans la programmation du théâtre de Genevilliers.
Grâce à la Condition Publique et la compagnie A.I.M.E, 14 classes de 5 écoles et collèges roubaisiens vont découvrir toute la semaine leur classe autrement. Transformant leur lieu d'enseignement en un espace de danse, de sensation, de rêverie. Une expérience auditive et corporelle étonnantes chuchotée au creux de l'oreille par la danseuse et chorégrape Julie Nioche dans les classes mêmes. [...] Le quotidient scolaire s'efface au profit d'une invitation à la rêverie et aux sensations pures.
Les Enfants sont également devenus créateurs et acteurs du spectacle, qui a consisté à transformer leur salle de classe, créer un espace et y faire des choses inhabituelles.. avec au final une petite sieste dans le calme. (...) L'expérience est unique et relève de la propagation de l'acte artistique au coeur d'un univers où l'imaginaire de l'enfant doit être constamment "encouragé et valorisé".
Rituel pour une géographie du sensible
THÉÂTRE PAUL ELUARD / FESTIVAL JUNE EVENTS
CHORÉGRAPHIE JULIE NIOCHE, MUSTAFA KAPLAN, FILIZ SIZANLI
Déjà, avec son précédent projet pour le jeune public, Julie Nioche déboulonnait toutes nos références autour de la représentation pour engager le spectateur dans une dimension d’écoute et de participation active et sensible. Que nous réserve ce qu’elle appelle aujourd’hui « rituel » ? En pleine création avec Mustafa Kaplan et Filiz Sizanli, la chorégraphe nous confiait : « On a envie d’être entre l’installation, l’action, et la performance en tant que danseur. Mais de façon horizontale, c’est-à-dire très démocratique, sans forcément de prise de pouvoir de la part des danseurs pour que les autres deviennent regardeurs. Il s’agit d’une immersion pour que chacun puisse prendre sa place là où il a envie d’être : soit observateur, soit acteur, soit ultra acteur… ». Une expérience sensible à découvrir en fonction des contextes de présentation du projet, qui composera avec les espaces et les personnes qui s’y trouvent…
N. Yokel
https://www.journal-laterrasse.fr/rituel-pour-une-geographie-du-sensible/
Julie Nioche et Gabrielle Mallet, le corps comme matière instable à June Events
Hier soir, sous le regard éteint du papa de Bambi empaillé, de plumes et autres trophées de
chasse, l’ostéopathe Gabrielle Mallet demande "Qu'est ce qui vous amène ?". Ce sera le titre
du spectacle. Elle demande, longtemps, beaucoup, comme si cette question était insoluble. Elle est simple pourtant, elle est celle du praticien face au patient. Elle n'est simple qu'en apparence. Julie Nioche, danseuse et elle aussi ostéopathe, arrive, en legging léopard pour faire écho à la salle aux murs chargés du Musée de la Chasse. S'en suit un étrange pas de deux, hyper animal, tout en bienveillance.
"C'est si bon de danser et de se toucher"
article écrit par Patrice SAINT ANDRE ayant vécu l'expérience aux côtés des résidents de l'EHPAD des Bigourettes à Saint herblain, dans le cadre de la tournée "l"art n'a pas d'âge" avec le Théâthre ONYX
«(...) Autre grand plaisir offert par Julie Nioche, à l’espace 1789 à St Ouen, « Les Sisyphe x 10 », met en scène des collégiens et des lycéens forts bien encadrés par la chorégraphe, ils ne succombent ni à la performance pure, ni à l’égocentrisme. « Que représente pour vous un groupe d’adolescent en résistance ensemble ? ». Le spectacle répond parfaitement à cette question. Les élèves ont tous investi le projet commun. Comme quoi, il n’y a pas que les urnes pour s’exprimer. (...)»
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Extrait de Inventifs et Engagés - interview de Loïc Touzé et Julie Nioche - par Marie Gouelleu
Des professeurs de danse français à Moscou
Du 14 juillet au 2 août, les Russes retrouveront le chemin de l’école.
Devoirs de vacances : danse contemporaine. Créée en 2001, l’Ecole d’été TsEKh vise à fournir aux danseurs professionnels et aux amateurs des techniques contemporaines de développement du corps. Invités à animer un atelier, les chorégraphes français Julie Nioche et Loïc Touzé expliquent au Courrier de Russie comment la danse aide à vivre.
Le Courrier de Russie : Vous venez animer un atelier d’une semaine à Moscou. De quoi s’agit-il ? Moscou, c’est une première ?
Loïc Touzé : Je viens enseigner des techniques de relaxation, comme le yoga, qui servent à relâcher le corps et à en avoir une meilleure conscience. Ces techniques vont permettre d’approcher un certain rapport au corps, qui peut manquer en Russie. Ce pays, c’est un vieux rêve. J’ai été danseur classique et, pour moi, la Russie sonne Petipa, Nijinski, Barychnikov. Je sais que je ne viens pas rencontrer les Ballets russes, mais je sens que depuis le début des années 2000 une dynamique contemporaine est en train de naître, et il me semblait important de l’accompagner.
Julie Nioche : J’ai créé cet atelier avec une kinésithérapeute. Je n’enseigne pas de technique de danse particulière. L’idée est d’aider à mieux prendre conscience de son corps et d’apprendre à ressentir par des techniques somatiques relevant de la médecine et de la danse. Moscou, oui, c’est une première ! Je n’ai aucune idée de ce que je vais découvrir mais je pense de toute façon qu’une semaine ne suffira pas!
LCDR : Que comptez-vous transmettre, lors de votre atelier, à des danseurs russes souvent isolés dans leur art ?
LT : Je ne viens pas pour conquérir mais pour être conquis. Je m’adapterai aux rencontres que je vais faire. Mon travail sera spécifique à la danse contemporaine, pas à la Russie. Il s’agit d’apporter une autre perception du geste, de le rendre plus personnel dans une culture de danse forte, mais aussi de faire comprendre que danser c’est agir politiquement. Non pas dans un sens partisan, mais en conscience avec sa culture pour à la fois l’assumer et s’en dégager.
JN : C’est pour moi une vraie question. On a tendance à définir la danse contemporaine par rapport aux influences occidentales, mais de quel droit imposerais-je mon esthétique ? La danse contemporaine s’inscrit dans un temps et dans un lieu. Elle n’appartient pas à un pays. Nous avons chacun nos héritages qui parfois nous rapprochent, parfois nous éloignent. L’enseignement que j’ai envie de donner, c’est être à l’écoute de ses propres sensations.
LCDR : Une dernière question, plus naïve : qu’est-ce que le corps pour vous ?
LT : Le corps est politique. Il y a une nécessité à se réapproprier son corps plutôt que de le laisser être exploité par la société commerciale et médiatique. Je suis contre la croyance selon laquelle il existerait un corps idéal. Ce qui m’intéresse, c’est travailler avec le corps tel qu’il est.
JN : Ah... C’est encore un mystère pour moi ! Je préfère le terme de geste. Le geste est un savoir très peu valorisé dans la société au sein de laquelle je vis, on prête de moins en moins attention au sensible. C’est pourquoi je suis attirée par le rapport au corps - au corps sensible - dans la médecine. La place laissée au corps dans la société et au soin du corps dans la vie quotidienne, c’est ce que je veux défendre dans mes projets artistiques. (...)
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On est ressortis sonnés de la « générale ». Les Sisyphes par la troupe de l’Oiseau-Mouche, c’est du concentré intense, une prestation de seulement vingt minutes qui vous laisse pantois. Quelles que soient leurs difficultés, leur handicap, leur morphologie, tous les comédiens déploient la même énergie, entraînés les uns par les autres, dans un élan survitaminé, pour livrer une performance physique singulière d’une remarquable homogénéité.
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V.B.
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Rubrique "Coup de théâtre" de Judith Sibony
Spectacles grandeur nature
"(...) Parée d’une combinaison rouge et d’une grâce pleine de tendresse, la jeune femme propose dans sa nouvelle création, intitulée « Central Park », un échange aux multiples interlocuteurs : le plus visible est un platane centenaire, les plus impalpables - mais néanmoins cruciaux - sont des sons de guitares électriques, et la mélodie à la fois tendre et rock qu’Alexander Meyer compose sur la pelouse aux côtés de la danseuse. « La présence de ce jardin, des sons extérieurs, des fleurs, tout cela rend mon action beaucoup plus relative que dans un théâtre. Ici, il n’y a pas de hiérarchie entre le mouvement dansé, les sons, l’espace, la musique… », confie Julie Nioche. (...)"
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Festival Entre cour et jardins par Philippe Noisette
...A peculiar firing squad that would make a show of resistance in order to tell everything. This performance barely lasts 20mn, long enough to call the fire brigade. Yet this internal fire is over already. Matter of Fact is still not done leaving marks on our memories.
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Julie Nioche, exploration gonflée
by Marie Christine Vernay ©
... Julie Nioche is definitely a fierce one. (...) There she comes, detached, with the most innocent face. Then she gets caught up in the game. The guitar devotes itself to creating a sound environment at first discreet, then captivating. The white structures inflate to excess. The dancer, seeming very small, attempts a breakthrough in the white immensity. Julie Nioche is not frail yet her figure becomes an erratic one... The impression is plastically faultless, and sensual.
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by Sabrina Weldman ©
...At the Festival d’Automne, Julie Nioche explores the illimited field of the body metamorphosis. She does so with a will to live the aesthetics unbridled, endlessly and well beyond dance. “H2O-NaCl-CaCO3” is a fluid landscape in which all the senses interfere...
Julie Nioche danse sur des air-bags
Elle a présenté un spectacle extrêmement gonglé à la chapelle des Récollets, dans le cadre du Festival d'Automne.
Atelier Feldenkrais, l’aventure intérieure
Depuis janvier dernier, patients et professionnels d'associations de lutte contre le sida et les hépatites expérimentent les bienfaits de la méthode Feldenkreis. Une approche physique - dénuée de toute recherche de performance ou d'effort - pour réinvestir différemment son corps.